Philippe, jeune ado qui doit choisir sa future profession
Philippe, comme la plupart des adolescents de son âge va avoir du mal à se projeter et trouver une profession qui le passionne vraiment. Il est issu d’une famille modeste et ne trouve pas un modèle particulier qu’il aimerait copier parmi ses proches. À l’école, il a toujours été un élève moyen, sans facilité en aucune matière ni aucune appétence pour les études. Mais comme pour tous les jeunes élèves, il va falloir qu’il s’oriente. L’avantage qu’il a, du moins pense-t-il à l’époque, c’est de pouvoir copier ses frères ou sa sœur.
D’un côté, il y a l’électronique et de l’autre il y a la comptabilité. L’électronique est déjà à cette époque un métier avec plein de promesses quant au fait de trouver un emploi. La comptabilité a mauvaise presse. Elle est même vendue comme un bac à bon marché. Comme le chante Michel Sardou dans sa chanson « Le bac G ». Les on-dit, la bien-pensance, la société, vont avoir raison d’une possible carrière dans la gestion. Carrière qui pourtant avec le recul n’aurait pas déplu à Philippe, car il aimait bien manipuler les chiffres. Mais il fera cette introspection bien plus tard.
Il privilégiera alors la voie électronique, mais ce ne sera pas non plus une passion. À la fin de la seconde, il va encore laisser les autres influencer son choix et choisir l’électrotechnique. Pourquoi ? Parce que la rumeur vendait le Bac Électrotechnique (production, transport et distribution de l’énergie électrique), comme étant beaucoup plus facile à obtenir. Philippe sait que cela était une erreur. Mais surtout ça n’aurait pas dû être sa motivation première. Il obtiendra tout de même son Bac, il va donc falloir réfléchir à la suite.
Études supérieures ou pas ?
Le bac d’électrotechnique en poche, il va alors falloir se décider pour la suite. Évidemment comme cette filière a été choisi par dépit, il ne saura pas vers quelle orientation se tourner. Son frère ayant obtenu un BTS Assistant d’Ingénieur, récemment, suscitant la fierté de son père, n’hésitera pas à manifester dans les réunions de famille, sa fierté pour son fils qui a eu son BTS.
Philippe va adopter la même voie que son frère, pour enfin déceler une sorte de reconnaissance de la part de son père. Reconnaissance parentale qu’il n’aura pas réellement obtenue lors de l’obtention de son bac. Philippe sera plus touché qu’il ne le pensait par cette indifférence. Ce dernier perdra alors le sens de ses études supérieures et décrocher très vite. Il va rater son BTS. Puis celui-ci tentera une formation en domotique, où il perdra son temps, car l’organisme n’était pas sérieux. Celui-ci exécutera son service militaire. Puis il sera enfin temps de rentrer dans la vie active, et de trouver sa profession.
Le choix de la profession
Philippe va alors subir plusieurs influences qui détermineront sa profession.
Première influence familiale : Philippe va essayer de se trouver un métier dans la fonction publique afin d’assurer son emploi. Cela faisait déjà quelques mois que son père était au chômage à l’âge de 58 ans (il ne retrouvera pas d’emploi jusqu’à sa retraite, à 60 ans à l’époque).
Deuxième influence généalogique : ses ancêtres étaient menuisiers de père en fils depuis des générations. Le grand-père de Philippe était spécialisé dans le vernissage de meubles. Le père de Philippe était transporteur, plus précisément chauffeur-livreur, à son compte. Et au début de sa carrière, ce dernier livrait des meubles, ce qui fait sens avec la tradition familiale, puisqu’il restait dans le meuble.
D’un côté, il y aura l’injonction de trouver un poste bénéficiant de la sécurité de l’emploi puis de l’autre l’injonction de suivre la trame familiale menuisier/transporteur.
Transport et sécurité de l’emploi, sans en avoir conscience, Philippe va alors se faire embaucher à la SNCF. A noter que Philippe avait aussi tenté de rentrer à EDF (qui s’occupe de la production du transport et de la distribution de l’énergie).
Le métier qu’il va exercer à la SNCF sera Agent en télécommunication. A priori sans rapport et pourtant au regard de sa généalogie cela fera sens. Lors de la Première Guerre mondiale, son grand-père ira au bagne militaire, en Algérie, pour désertion en temps de guerre. Les bagnards étaient des « Transportés », isolés du monde sans la moindre possibilité de communiquer avec leurs proches. L’histoire de ce passé de bagnard a non seulement été cachée à ses enfants, mais en plus, il leur était interdit de poser des questions précises sur leur père. Le grand-père de Philippe mourra en 1941, quand son père n’aura que 3 ans.
Perte de sens professionnel
Voilà comment Philippe va choisir une voie sans s’en rendre compte. Guidé par les méandres d’un secret familial qui va peser lourd sur l’ensemble de sa famille. Les choses vont se bousculer en 2020, quand le père de Philippe va décéder d’une longue agonie. Sans pouvoir ni manger, ni boire (possible fidélité aux conditions de bagne de son père). Philippe aura alors un deuil difficile. Se remémorant une relation à la fois distante mais forte, où le manque de communication sera important. Quelque chose va se casser en lui. Il va alors chercher à rompre avec ses fantômes familiaux, afin de trouver sa place. Pour sortir de la prison familiale, de manière à savoir ce que veut dire être libre et épanoui.
A suivre…